Cinquième souvenir

Accueillis

Êtes-vous déjà arrivé dans une ville sous la pluie ? En novembre lorsque les journées sont courtes, lorsque la brume enveloppe les rues dans un halo gris et l’humidité s’infiltre dans vos chaussures, même les plus optimistes sont parfois traversés par la brise d’une légère tristesse.

Nous venons d’emménager à Valence, l’un ayant intégré un nouveau poste dans la ville, l’autre ayant accepté des trajets à rallonge, et nous commençons à la sonder. Comment va-t-on y vivre ? Quel cinéma art et essai nous projettera nos films préférés ? Nous sommes en 1995. Première sortie, en milieu de semaine, un jeudi, pour un ciné. On dînera en ville, après la séance. Bonne idée, vous auriez peut-être eu la même, surtout en ouvrant le frigo. Vide.

Le film est un peu plus long que les autres. A la sortie, il est presque 22 heures, la faim nous tenaille et nous commençons à remonter le boulevard, puis nous nous enfilons dans une petite rue pour aller vers le centre sous cette pluie fine redoublant de vigueur. Pas un chat. Un bar et un restaurant sont en train de fermer. La soirée est mal engagée, ce qui n’a rien d’étonnant et nous aurions trouvé une ambiance similaire ce soir-là à Lyon, Grenoble ou Saint-Etienne tout en pestant contre ces gens qui se couchent tôt.

Puis, en arrivant au croisement de la rue Vernoux et de la Grande Rue, nous sommes attirés par une lumière sur la gauche. Quelqu’un ouvre la porte et nous percevons furtivement de la musique. Plein d’espoir, nous nous approchons, c’est une brasserie, un bistrot comme on les aime. À peine entrés, nous sommes happés par une ambiance chaleureuse. Oui, nous n’avons pas rêvé quelques minutes plus tôt, il y a bien de la musique, un petit groupe de jazz est là. Des musiciens, une batterie, un trombone, un saxo et un tuba, jouent un standard, ça swingue à vous donner envie de danser. Par chance, il reste une dernière table, pour nous deux.

Ce fut une de nos plus belles soirées au restaurant car dans cette ville alors nouvelle pour nous, assis au milieu de tous ces gens que nous ne connaissions pas, en écoutant ces musiciens passionnés, nous nous sommes sentis chez nous et nous avons eu envie de rester dans cette ville qui est devenue la nôtre.

 

Souvenir offert par Une Valentinoise d’adoption

Remerciement à L’étoffe de vos jours pour la rédaction

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Quatrième souvenir